OUEST / CHANGEMENTS CLIMATIQUES : LE PLAN D’AMENAGEMENT FORESTIER EN PANNE !

Dans le cadre de l'aménagement des forêts communales par le reboisement, 120 000 arbres vont être mis en terre pour éloigner la région de l'ouest des dangers liés aux changements climatiques.

Pour mener à bien la réalisation de ce projet, 120 millions de FCFA ont été débloqués.

Cela rentre dans le cadre de la campagne nationale de lutte contre la déforestation. Il est question à terme, sur le plan national, de mettre en terre 556 100 arbres pour un coût global de 600 millions de FCFA.

Face aux menaces qui guettent notre planète, la nécessité d’éduquer les populations sur les enjeux du reboisement, les risques que constitue un environnement mal protégé s’inscrit donc au chapitre des impératifs. La finalité étant, d’inciter les populations à avoir des comportements plus responsables vis-à-vis de la nature.

 

L’épine dans la chaussure des mairies bénéficiaires…

KAMDOUM René _Maire Bamendjou
KAMDOUM René _Maire Bamendjou
YOUDOM_Maire de Batié
YOUDOM_Maire de Batié

 

Pour y parvenir, les pouvoirs publics, par le truchement du ministère des forêts et de la faune (MINFOF), prennent appui sur les collectivités territoriales décentralisées. C’est ainsi que depuis 2012, plus de 4 milliards 600 millions sont mis à la disposition des mairies dans le but de faciliter l’aménagement des plans forestiers. Sauf que, depuis lors, plusieurs goulots d’étranglement ont ralenti sa mise en œuvre sans pour autant anéantir l’ardeur du ministère des forêts et de la faune. Comme problème majeur évoqué, l’absence des moyens financiers. Malgré ces manquements imputables aussi bien au ministère qu’aux communes, le MINFOF reste déterminé : «Nous allons toujours les encourager. Il ne s’agit pas de dire qu’une mairie n’a pas travaillé il faut la sanctionner. C’est un accompagnement sur une longue durée. C’est depuis 04 qu’elles ont bénéficié des conventions provisoires. 03 ans passés, elles n’ont pas pu les mettre en œuvre et on leur a ajouté 02 années supplémentaires. Nous sommes à la fin de la première année. Nous sommes convaincus que d’ici 2019, toutes ces mairies bénéficiaires des subventions et des conventions provisoires pourront remplir leurs devoirs pour qu’on signe des conventions définitives… » Des explications de Dr SALEH Adam, délégué régional du MINFOF Ouest qui semblent ne pas convaincre au regard de la litanie de doléances formulées par l’ensemble des maires bénéficiaires. « Nous avons toujours apprécié cet effort du gouvernement pour pouvoir reboiser nos espaces. C’est aussi bien qu’il ait pensé à accompagner les communes… Mais le fait de demander aux mairies de préfinancer le projet ne tient pas la route. Car les communes ne disposent pas assez de moyens. En 2015, le MINEFOF nous a parlé des difficultés avec le trésor. Rien de perçu jusqu’ici. Aujourd’hui, on est entrain de signer la convention de 2018. Et ce n’est que maintenant qu’on nous remet la convention de 2017. Jusqu’à présent et à cause de l’unicité des caisses, l’argent n’est pas encore dans les comptes des communes. Pour contourner ces blocages, le ministère des forêts et de la faune gagnerait à créer des comptes d’avance logés même dans ses services déconcentrés. Le plus important pour nous, c’est qu’il y ait des espèces sonantes. Parce que quand vous engagez des enfants peut-être le week-end pour faire des trouaisons, il faut qu’à la fin ils puissent avoir leur argent et retourner à l’école le lundi. » Serine René KAMDOUM, maire de Bamendjou.

A l’absence de l’enveloppe devant servir à asseoir le plan d’aménagement forestier au sein des communes, se greffe l’insuffisance des ressources pour le suivi. C’est la triste expérience vécue par Gustave YOUDOM, premier magistrat de la commune de Batié dans département des Hauts-plateaux : « Ma commune est entrée dans la danse en 2017. Nous avons reçu une dotation de 8,5 millions pour planter 8 500 arbres. C’était une bonne expérience. Aujourd’hui je viens de signer une convention pour l’année 2018 qui sera exécutée en 2019, pour une enveloppe de 5 millions FCFA. Je pensais que pour cette année, je devais recevoir du ministère un appui financier pour entretenir ce qui a été réalisé en 2017. Ce qui n’est pas le cas… Néanmoins, j’apprécie l’initiative. Cela apporte une plus value considérable à une commune. Une forêt communale, vous n’ignorez pas son importance. J’ai planté pour l’année dernière 8 000 eucalyptus. Devinez ce que valent les eucalyptus lorsqu’ils ont atteint la maturité.»

Il est donc clair que seule la volonté des maires ne suffit pas pour mener à bien le projet impulsé par le gouvernement. Il faut que le financement soit mis à la disposition des bénéficiaires.

Cependant, il va falloir que les maires soient d’avantage outillés et imprégnés sur le mécanisme de ficelage des ordres de paiement, a suggéré Franklin François ETAPA, Secrétaire Général des Services du Gouverneur de la Région de l’Ouest qui présidait la cérémonie de lancement de la campagne nationale de reboisement dans cette partie du pays.

Avec ses 25 réserves forestières identifiées, l’Ouest se positionne comme l’un des bassins important du pays. Pour la campagne 2018 logée dans le compte de financement 2017, 11 communes sont concernées. A celles-ci s’ajoutent les communes dites ‘’communes ordinaires’’ qui doivent elles aussi mettre en terre ces plans sur des sites qu’elles auront identifiés au préalable.

Quant à l’aspect technique de la campagne à l’Ouest, l’antenne régionale de l’Agence Nationale d’Appui au Développement Forestier (ANAFOR) a la responsabilité de fournir aux bénéficiaires des appuis du MINFOF le matériel végétal nécessaire à la création des plantations.

Pour comprendre le degré d’implication de cette structure rattachée au MINFOF, Christian SIME, Chef d’antenne Ouest affirme : « Dans le cadre de cette campagne pour ce qui est de l’Ouest, l’antenne savane humide de l’ANAFOR a reçu des instructions fermes du directeur général afin de disponibiliser suffisamment de plants de quantité et en qualité pour nos partenaires. En effet, l’antenne savane humide a produit 130 mille plants uniquement pour la région de l’Ouest. Les espèces que nous produisons dans le cadre de cette campagne sont celles qui s’adaptent le mieux aux conditions écologiques de la zone de l’Ouest ; notamment l’eucalyptus, le prunus africana, le wengé, le melina, le pin.

A côté de la fourniture des plants aux communes, l’ANAFOR accompagne le processus de mise en place. Notre agence est disponible pour accompagner les maires, les encadrer dans les différentes tâches qui rentrent dans la mise en place et puis même dans le cadre des entretiens. Parce que quand on a fait le premier bilan, on a compris qu’il y avait le problème au niveau des entretiens. Nous encourageons les communes à planter en association avec les agriculteurs, les paysans qui peuvent cultiver dans les lignes de plantation. Car le travail qui est fait dans les lignes de plantation entretient les arbres qui sont mis en place, réduit le coût des entretiens et donner plus de chance à la plante de réussir.

Bon à savoir, après évaluation de la campagne 2016, les résultats sont mitigés. Certaines communes ont réalisé un taux plus ou moins supérieur à 70%, d’autres sont restées en-dessous de 30%. De manière globale, le taux d’évaluation avoisinerait 40%.

 

                                                     Pascal Venus NGABANG (ouestmediainfo.cm)