CAMEROUN: COMMUNICATION GOUVERNEMENTALE/ René Emmanuel SADI prône un journalisme citoyen en tant de crise

Le Ministre camerounais de la communication René Emmanuel SADI a présidé ce jeudi 20 juin 2019 en mi-journée dans la salle  auditorium  de ses services une rencontre avec les promoteurs et directeurs de publications des organes de presse.

 

Cette rencontre, la toute première du genre depuis sa nomination le 04 Janvier 2019 a permis au MINCOM de rappeler , au nom du gouvernement de la republique  que "le Cameroun a besoin d'une presse crédible et responsable, qui sache prendre en compte et faire siennes, les exigences, les enjeux et les valeurs fondamentales de la nation, pour la préservation de notre équilibre globale", avant de garantir à tous les journalistes et professionnels de médias exerçant le métier de journaliste sur le térritoire national "que s'il ne saurait y avoir de démocratie sans liberté de la presse, il ne peut non plus y avoir liberté de la presse sans responsabilité du journaliste".

Si pour certains professionnels des médias, cette rencontre vient comme une énnième mise en garde après des dérives relevées ces dernières années dans le secteur, le ministre pour sa part soutient que l'iniative a pour objectif "d'inscrire les relations entre le gouvernement de la république et les acteurs des médias dans une optique de partenariat, où  chaque partie prenante doit jouer sa partition, pour que triomphent les idéaux de la liberté et de démocratie, mais ceci, avec une exigence constructive de responsabilité et de citoyenneté".

Nous vous proposons ici l'intégralité de la communication de René Emmanuel SADI, ministre camerounais de la communication.

Léopod Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 


MINISTÈRE DE LA COMMUNICATION
MINISTRY OF COMMUNICATION
RENCONTRE DE PRISE DE CONTACT AVEC LES
PROMOTEURS DES ENTREPRISES DE PRESSE ET
LES DIRECTEURS DE PUBLICATION
---------------
COMMUNICATION DE CIRCONSTANCE
DE
SON EXCELLENCE RENE EMMANUEL SADI
MINISTRE DE LA COMMUNICATION
Yaoundé, 20 juin 2019

 Mesdames et Messieurs les Responsables des
Entreprises de Presse ;
 Mesdames et Messieurs les Directeurs de Publication ;
 Mesdames et Messieurs les Promoteurs des Chaînes de
Radiodiffusion ;
 Mesdames et Messieurs les Promoteurs des Médias
Cybernétiques ;
 Distingués Invités ;
 Mesdames, Messieurs ;
Je vous remercie d’avoir répondu, si nombreux, à l’invitation
que je vous ai adressée, pour prendre part à cette rencontre,
la première du genre que j’ai vivement souhaitée depuis ma
nomination à la tête du Ministère de la Communication, avec
les protagonistes majeurs de la scène médiatique, celles et
ceux qui donnent sens et vie à l’espace et à la mouvance
démocratiques.
Aussi m’est-il très agréable de vous souhaiter une
chaleureuse bienvenue dans cette salle auditorium du
Ministère de la Communication.
 Mesdames, Messieurs ;
Depuis plusieurs décennies, le Président de la
République, Son Excellence Paul BIYA, s’emploie, avec le

peuple camerounais, à construire méthodiquement,
inlassablement et irréversiblement, les meilleures
rampes d’accès au plein épanouissement de la liberté
d’expression et de la liberté de la presse au Cameroun
qui sont les socles essentiels d’une véritable société
démocratique.
Notre pays s’est ainsi résolument engagé dans un
processus de démocratisation et de promotion des
libertés fondamentales, plus particulièrement, la liberté
de la presse, clairement marquée par le pluralisme
médiatique, avec une grande liberté de ton.
S’agissant précisément du pluralisme médiatique, force
est de relever, pour s’en féliciter, la multitude des
supports multimédias qui animent l’espace médiatique
national, à savoir :
- 30 chaînes de télévision ;
- Plus de 200 chaînes de radiodiffusion commerciales
et communautaires ;
- Plus de 600 organes de presse écrite.

A cela s’ajoute un nombre tout aussi considérable
d’opérateurs de télédistribution et de médias en ligne qui
alimentent aujourd’hui un secteur cybernétique, et donc
une toile Internet, des plus effervescentes en Afrique.
Le reflet et le large écho de cette forte tonalité
médiatique, transparaissent au quotidien, d’un champ
audiovisuel et cybernétique camerounais qui foisonne
d’émissions de débats contradictoires, traitant de tous
les sujets touchant à la vie nationale et internationale, et
portant sur des problématiques aussi multiples que
variées.
Une scène médiatique qui dispose également d’une
presse écrite tout aussi riche et dont on peut apprécier
au fil des ans, à la fois la qualité et la quantité.
Le Gouvernement de la République, par ma voix, exprime
sa satisfaction face à ce foisonnement de la presse
nationale, et particulièrement, à l’adresse de ceux des
Promoteurs et des professionnels des médias qui ont à
coeur de préserver et de conforter ces acquis, et qui
s’emploient à mettre un point d’honneur au respect des

fondamentaux de cette noble profession qu’est le
journalisme.
Ce constat établi, constat plutôt satisfaisant, il convient
à présent qu’ensemble, nous procédions sans
complaisance, à un diagnostic global du paysage
médiatique national.
En effet, la presse camerounaise, nonobstant sa pluralité
de tons, sa grande diversité et son abondance éditoriale,
semble malheureusement s’écarter, par endroits et à
certains moments, de sa mission essentielle, qui se
résume à ce triptyque : l’information des populations,
l’éducation et le divertissement des masses.
Dans le même ordre d’idées, face aux multiples enjeux
sécuritaires et socio-politiques auxquels le Cameroun
est confronté à l’heure actuelle, et devant la récurrence
des dérives médiatiques observées ça et là, en violation
flagrante, non seulement, de l’éthique et de la
déontologie journalistiques, mais aussi, du principe
professionnel qui sacralise les faits, un autre constat
s’impose à la communauté nationale tout entière, selon
lequel, la presse camerounaise, jour après jour, tend à

s’enliser dans les déviances des appels à la haine de
l’autre, de l’apologie de l’irrédentisme et des replis
identitaires qui sont autant de dangereux catalyseurs du
tribalisme.
A cette allure, si l’on n’y prend garde, notre presse
pourrait à terme, faillir à l’important rôle qui est le sien,
de relais et de promoteur de nos idéaux de paix, d’unité
et d’intégration nationales.
Les axes du discours médiatique au Cameroun, lorsqu’ils
sont teintés de manipulation et de désinformation,
d’allégations non fondées, voire d’atteintes
systématiques aux valeurs de la Nation et de la Mère-
Patrie, contribuent incontestablement à la désorientation
de l’opinion publique nationale.
Or, la presse camerounaise doit continuer d’inspirer
confiance. Il s’agit là d’un impératif irréductible auquel il
n’est guère possible de satisfaire si les professionnels
eux-mêmes n’ont cure de leur crédibilité, de leur
respectabilité et partant de leur responsabilité.
Il faut le dire, le Cameroun a besoin d’une presse
crédible et responsable, qui sache prendre en compte et

faire siennes, les exigences, les enjeux et les valeurs
fondamentales de la Nation, pour la préservation de
notre équilibre global.
A cet égard, il y a lieu de rappeler à tous les
professionnels des médias exerçant le métier de
journaliste sur le territoire national, que s’il ne saurait y
avoir de démocratie sans liberté de la presse, il ne peut
non plus y avoir de liberté de la presse sans
responsabilité du journaliste.
Par ailleurs, il faut le dire aussi : le journaliste est avant
tout un citoyen. Comme tel, il doit se sentir interpellé par
les grands enjeux de la Nation, et, en l’occurrence, par
l’aspiration profonde des Camerounaises et des
Camerounais à vivre en paix, à vivre en harmonie, en
bonne intelligence les uns et les autres, en faisant de la
diversité qui caractérise notre pays, le vrai socle de son
unité et de sa richesse.
C’est donc le lieu de dénoncer voire de stigmatiser
l’attitude complètement irresponsable et inadmissible
des opérateurs de certains organes de presse écrite,
audiovisuelle et cybernétique, qui ont choisi

délibérément et de façon continue, de pratiquer le métier
de journaliste en marge des canons de la profession et
des valeurs de la République.
L’incompréhension et l’indignation de nos compatriotes
sont par exemple, toujours aussi grandes, chaque fois
qu’une télévision, une radio, un journal de presse écrite
ou cybernétique, commet des déclarations ou des écrits
ostensiblement dirigés contre les Forces Nationales de
Défense et de Sécurité, alors même qu’exposés chaque
jour, jusqu’au sacrifice de leurs vies, nos braves et
héroïques militaires, gendarmes et policiers méritent de
la part de la Nation, soutien, gratitude et
reconnaissance.
Par ailleurs, l’opinion publique nationale a bien noté que
depuis de longs mois, certains médias nationaux se sont
constitués en une véritable presse militante, au service
de courants anti-républicains, multipliant de ce fait des
contre - vérités, ainsi que des dérapages malencontreux,
le tout, à travers une violence verbale inadmissible, ou,
des écrits incendiaires, prônant à la fois la haine tribale,
les troubles à l’ordre public, voire l’insurrection sociale.

D’aucuns se posent alors de plus en plus la question de
savoir si c’est cela qu’il faut attendre d’une presse
responsable dans un Etat démocratique ?
La réponse est non !
Le professionnel des médias se doit d’avoir en esprit que
la délicatesse de sa mission de relais sociétal, lui
impose de toujours veiller à être au-dessus de la mêlée,
en toute neutralité et en toute impartialité, à l’effet de
parvenir à apporter aux populations des informations
d’une absolue véracité.
Dans l’optique de mieux accomplir son devoir
d’information, de sensibilisation, de formation et de
divertissement des masses, dans un environnement
national qui en a plus que jamais besoin, le journaliste
doit éviter de « faire de la politique sous les oripeaux du
journalisme !»
Au regard de ces tendances qui dénaturent cette noble
profession, je me permets d’exhorter tous les acteurs
médiatiques à un sursaut professionnel, moral et citoyen!

J’en appelle vivement au sens de responsabilité, au
respect rigoureux des prolégomènes du métier de
journaliste, des valeurs de paix, de cohésion sociale et
du vivre-ensemble, dans le travail de diffusion ou de
publication des informations.
Qu’on se comprenne cependant : je stigmatise les
dérives, j’interpelle votre conscience et votre
responsabilité collectives, mais, je ne vous lapide pas,
loin s’en faut, car j’ai aussi conscience de vos
desiderata.
Le Gouvernement, a pris la pleine mesure des difficultés
auxquelles la presse camerounaise fait face,
particulièrement, les problèmes liés à la précarité
économique des médias et à la pénibilité des conditions
de travail des journalistes.
Pour ma part, je puis vous assurer que les différents
écueils dûment identifiés, ceux relatifs notamment à
l’inaccessibilité de vos organes de presse aux sources
d’information gouvernementale, sont entrain d’être
levés.

En effet, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,
vient de marquer son accord pour la mise en place d’une
plateforme rénovée de la Communication
Gouvernementale, destinée à assurer, outre une
meilleure coordination des mécanismes de collecte et de
centralisation des informations d’origine institutionnelle,
une mise à disposition plus fluide et davantage proactive
desdites informations.
Par ailleurs, j’exhorte solennellement toute la presse
nationale à envisager, autant que possible, l’organisation
de la profession de journaliste au Cameroun.
Car, de tous les corps socio-professionnels à l’échelle du
pays, cette profession est l’une des rares à présenter un
tel déficit d’organisation interne.
S’agissant des questions liées à la régulation des
activités de la presse au Cameroun, j’émets ici, une fois
de plus, le voeu qu’à côté de la régulation qu’assure le
Conseil National de la Communication, les professionnels
des médias puissent se pencher résolument sur l’idée de
la mise en place d’un système d’autorégulation
professionnelle.

C’est par cette voie, j’en suis convaincu, que nous
parviendrons à atteindre un seuil de responsabilité
optimal, qui contribuera sans aucun doute, à limiter les
recours aux procès et aux poursuites contre les
journalistes devant les instances judiciaires.
Pour sa part, le Gouvernement ne ménagera aucun effort
pour oeuvrer dans le sens de la promotion d’un paysage
médiatique national, à la hauteur des attentes des
citoyens, et bien évidemment dans le respect des
principes majeurs qui régissent ce secteur dont
l’importance n’est plus à souligner.
De même, toutes les entreprises de presse et autres
unités médiatiques, se doivent elles mêmes de respecter
le cadre normatif inhérent à l’exercice de leurs activités.
Je dois rappeler, à toutes fins utiles, qu’à la date
d’aujourd’hui, aucune entreprise de presse audiovisuelle,
aussi bien en télévision qu’en radio, n’est en règle,
s’agissant notamment des conditions d’accès à
l’exercice de leurs catégories de métiers.
La tolérance administrative, facilité initialement
accordée par le Gouvernement à tous les médias

audiovisuels à capitaux privés, dans un souci de
flexibilité et d’accompagnement progressif vers la
performance, mais curieusement indexée et décriée par
certains comme étant, au contraire, une épée de
Damoclès suspendue sur la presse audiovisuelle
nationale, ne sera plus de mise, dès lors que le socle
règlementaire découlant de la loi N° 2015/007 du 20 avril
2015 régissant l’activité audiovisuelle au Cameroun sera
complété par des textes d’application.
J’engage donc d’ores et déjà tous les promoteurs des
médias audiovisuels à prendre les dispositions
nécessaires à leur mise en conformité avec la
règlementation en vigueur.
 Mesdames, Messieurs les Responsables des Entreprises
de Presse ;
 Mesdames, Messieurs les Directeurs de Publication ;
 Mesdames, Messieurs les Promoteurs des Chaînes de
Radiodiffusion ;
 Mesdames, Messieurs les Promoteurs des Médias
Cybernétiques ;
 Distingués Invités ;
 Mesdames, Messieurs ;

Avant de clore cette communication de circonstance, je
tiens à assurer les promoteurs et professionnels des
médias nationaux de la disponibilité du Gouvernement à
continuer de leur apporter tout l’accompagnement qu’ils
sont en droit d’attendre, pour un exercice optimal de leur
métier.
Ce dont il s’agit, à tout prendre, c’est d’inscrire les
relations entre le Gouvernement de la République et les
acteurs des médias dans une optique de partenariat, où
chaque partie prenante doit jouer sa partition, pour que
triomphent les idéaux de liberté et de démocratie, mais
ceci, avec une exigence constructive de responsabilité
et de citoyenneté.
Je vous remercie de votre aimable attention.