Ouest / Elections au Cameroun : L’implication forcée de l’autorité administrative dans le processus électoral.

Alors que les articles 54 et 60 alinéa 1 du code électoral sont on ne peut plus explicites sur la désignation du président du bureau de vote, ses missions et la composition de la commission locale de vote, les autorités administratives visiblement nostalgiques du temps de l’ONEL, sont toujours soupçonnées d’ingérence. Réaction de AWA FONKA Augustine, gouverneur de la région de l’Ouest et celles de quelques acteurs du processus électoral

Réaction gouverneur de l'Ouest AWA FONKA AUGUSTINE

« L’évolution que nous observons aujourd’hui c’est la volonté du Chef de l’Etat ainsi que le souhait des populations, de voir une institution indépendante gérer les élections au Cameroun. Maintenant avec cette phase d’ELECAM, l’autorité administrative est dessaisie complètement de ces dossiers qui sont pilotés entièrement par ELECAM, de la phase d’inscription, de l’organisation matérielle, du suivi sur le train. L’autorité administrative ne joue que le rôle de collaborateur pour accompagner ELECAM dans la sensibiliser des populations à s’inscrire sur les listes électorales. Mais elle reste avec un volet très important par ce que l’autorité administrative reste le patron de maintien de l’ordre. Donc, elle assure la sécurité dans toutes ces opérations. L’autorité administrative les accompagne. Elle s’assure que durant les inscriptions il n y a pas de problème. Pendant les élections aussi, elle s’assure que les forces de maintien de l’ordre sont là pour assurer la sécurité »

Luc OUANJI (Secrétaire Régional chargé de l’éducation et de la formation politique SDF / Ouest)

« Dans un pays normal, les administrateurs servent la République. L’expérience antérieure nous enseigne qu’au Cameroun on ne sert pas le pays, mais un individu, un système qui perpétue les prébendes. Les autorités agissent comme des auxiliaires d’ELECAM, pour ne pas dire qu’ELECAM qui est supposé être une structure neutre est l’appendice du parti auquel appartiennent tous les administrateurs. Les autorités administratives tiennent encore les présidents des bureaux de vote. C’est sous leur couvert que les procès verbaux sont falsifiés. Je n’attends rien d’eux. Bien que je souhaite que pour une fois, qu’ils fassent preuve d’une élégance intellectuelle (si tant est qu’ils aiment le Cameroun comme ils le prétendent) pour laisser le peuple s’exprimer en toute quiétude et que seule les urnes déterminent le futur président du Cameroun »

Dr FOKAM Josephine (2ème Adjoint au maire Bafoussam 1er /RDPC)

« Vous savez bien que les électeurs sont susceptibles de créer des troubles à l’ordre public. Les autorités administratives doivent prendre des dispositions nécessaires pour sécuriser les électeurs et les biens publics. Je ne vois rien de cachotier dans cette prérogative ».

Charlie TCHIKANDA (Ligue des Droits et Libertés / OSC) (photo)

«  L’autorité administrative n’a plus de rôle de premier plan dans le processus électoral. Elle est dans le bureau de vote comme membre désigné par ELECAM. Elle est membre de la commission locale de vote. Il y a un président du bureau de vote qui n’est pas autorité administrative. C’est ce président qui assure la police du bureau de vote. Le responsable de l’administration est placé sous l’autorité du président de bureau de vote. Malheureusement, dans la pratique on a constaté que l’autorité administrative ou son représentant a tendance à se substituer au président du bureau de vote. Il prend le pas sur ce dernier et le supplante. Les présidents des bureaux de vote sont généralement recrutés parmi les fonctionnaires qui croient avoir un devoir de soumission à l’autorité du représentant de l’administration. Un exemple parmi tant d’autres, cas d’un bureau de vote à Baham lors des dernières sénatoriales, où le président du bureau de vote admet les observateurs électoraux dans la salle, le représentant de l’autorité administrative s’y oppose et demande qu’ils observent à travers les fenêtres. L’autorité administrative n’assure la sécurité qu’à la demande du président de bureau de vote. Elle est dans ce cas sous les ordres du président du bureau de vote ».

© ouestmediainfo.cm : Alexis Yangoua